Michel chez les gardians by Georges Bayard

Auteur:Georges Bayard [Bayard, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Aventure
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Car même si Jan et Nour n’étaient pour rien dans le vol de son appareil, ils avaient bien dû reconnaître les fuyards qu’ils avaient prétendu poursuivre. Arthur ne s’était donc pas trompé. C’était bien vers le camp des Gitans que les deux inconnus s’étaient dirigés, parce que c’était là leur asile, leur repaire aussi !

Une fois dehors, Michel hésita. Il se sentait aussi mal en point que s’il avait reçu un coup violent. Il lui fallait se calmer, retrouver son équilibre avant d’affronter Galline.

« Elle saura la vérité toujours assez tôt », se dit-il.

Il marcha lentement, dans la rue, s’obligeant à respirer à fond, à sourire même, pour détendre son visage et effacer les traces de l’émotion. Sans s’en rendre compte, il avait gardé à la main l’enveloppe blanche dans laquelle le photographe avait glissé les épreuves, après les avoir séparées les unes des autres avec un massicot.

Enfin, Michel déboucha sur la place. Il aperçut la voiture de Galline. La jeune fille n’était pas encore de retour. La vue du mot « Police » sur le fronton de l’immeuble qu’il connaissait trop bien, à son gré, lui donna l’envie de fuir, de quitter la ville et la région.

« Faudra-t-il un jour que je témoigne contre Jan et Nour ? se demanda-t-il. Karoum l’Ancien ignore-t-il vraiment à ce point ce qui se passe dans son camp ? »

Pour tuer le temps, en attendant la jeune fille, Michel s’appuya contre une aile de la voiture et examina encore une fois les photos.

Une chose le frappa : toutes avaient dû être prises en instantané et surtout sans préparation, à l’improviste. Il semblait que les sujets, tous Gitans, avaient été photographiés à leur insu.

« Est-ce que mon voleur ne tenait pas à ce que les gens du camp remarquent mon appareil ? » se demanda-t-il.

Michel se rendit compte qu’il s’efforçait de se raccrocher au moindre indice capable d’innocenter… peut-être… ceux qu’il avait considérés comme des amis.

Il venait de glisser les épreuves dans leur enveloppe lorsqu’il vit apparaître Galline, le front soucieux, les traits tirés. La jeune fille se força pourtant à sourire en s’approchant de lui.

« Vous êtes satisfait de vos photos ? » demanda-t-elle.

Michel ressentit l’ironie involontaire d’une telle question. Comme il eût été satisfait, au contraire, que toutes eussent été ratées au point qu’il n’ait pas pu avoir cette terrible certitude !

La politesse eût exigé qu’il montrât les épreuves à la jeune fille, mais il préféra attendre.

« Oui et non, répondit-il sans se compromettre. Vos courses sont terminées ?

— Oui… Je n’ai aperçu nulle part… ceux que j’aurais aimé retrouver.

— Leur absence s’expliquera bientôt, sans doute, dit-il.

— Vous croyez ? J’ai beau réfléchir, je ne vois aucune raison plausible. »

Puis, sans transition, la jeune fille s’exclama :

« Mais au fait, comment se fait-il que vous ayez des photos ? Je croyais que l’on vous avait dérobé votre appareil ? Vos amis en possédaient un autre, peut-être ?

— Non… C’est un rouleau que j’avais… avant ! »

Il en coûta à Michel de proférer

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